Un concert en hommage au chanteur King Kester Emeneya, à l’occasion du dixième anniversaire de sa disparition, est prévu le 16 février à l’espace « Veve center » dans la commune de Kasa-vubu (Centre de Kinshasa), en République démocratique du Congo, a-t-on appris mardi 13 février 2024 de l’un des artistes de son orchestre. « 10 ans après le 13 février 2014, cette commémoration célèbre le courage et le dévouement, et nous rappelle la place qu’occupait King Kester Emeneya, un musicien hors-pair dans la musique congolaise moderne. Traversé par les nostalgies et plusieurs souvenirs, ce concert sera l’un des mémorables de cette année », a déclaré Jimilito Melacampe Voxengo, un des musiciens de son orchestre « Victoria Eleison ». Pour le Pr Jean-Marie Ngaki, de l’Institut national des arts (INA), « Aujourd’hui, on ne cesse d’entendre les chansons de King Kester Emeneya à bord des taxis, dans des terrasses comme dans les radios locales de Kinshasa, beaucoup plus que de son vivant ». Il a raconté qu’après une fulgurante carrière musicale d’un peu plus d’une trentaine d’années, « King Kester » était une incontestable « Star » de la musique congolaise moderne. Au fil des années, ce virtuose de la musique congolaise est devenue une personnalité à part dans la musique moderne de son pays, à travers son mélange de la Rumba congolaise, qu’il traitait, d’une façon à lui, avec la tradition et la modernité. « Mêlant des sonorités de »l’autre musique » à des rythmes que n’aurait pas reniés l’Afrisa International ou sa devancière l’African Fiesta », a-t-il dit. Vedette de la ville de Kikwit dans la province du Kwilu, dans l’Ouest de la RDC, a-t-il dit, Emeneya a su imposer un style, une personnalité et un savoir-faire artistique partout où il est passé, de Kikwit à Idiofa, de Lubumbashi à Kinshasa. Natif de la ville de Kikwit dans la province du Kwilu, Emeneya a intégré à l’âge de 17 ans le groupe « Les Anges Noirs ». Il a partagé cette expérience notamment avec Lidjo Kwempa qu’il recroisera plus tard dans sa carrière professionnelle. C’est en 1977 qu’il a rejoint le groupe « Viva la Musica » du chanteur Papa Wemba, après un passage écourté à l’Université de Lubumbashi. Au sein de ce groupe, il est tout de suite remarqué grâce à sa voix particulière, mais aussi sa façon à lui de concevoir la musique. Ses collègues le surnomment « Le maître des nuances » à cause de la rigueur qu’il met à faire respecter des intonations, des silences et des nuances. C’est tout naturellement qu’il va quitter cet orchestre, affermi dans son leadership, pour créer son sien dénommé « Victoria Eleison » en 1982. La dénomination du groupe est particulière et le succès immédiat, du point de vue discographique et des spectacles qu’il met un point d’honneur à soigner particulièrement. Sa chanson « Kimpiatu » a marqué les esprits avec un savant mélange entre tradition « Bayansi » et la modernité, qui a été plébiscitée « Tube de l’année 1985′ ». Kester s’est distingué du reste dans la mise en valeur des langues nationales qu’il mélange dans des tournures langagières, lors de ses interviews comme dans ses œuvres musicales. De son vivant, King Kester Emeneya a toujours revendiqué la paternité d’une révolution musicale qui a fait entrer la rumba congolaise dans l’ère électronique. Il ne croyait pas si bien dire, avec un autre de ses succès « Nzinzi », chamboulé l’orchestration habituelle de la musique congolaise moderne en y renforçant l’apport des synthétiseurs, mais en y mettant aussi un chœur des femmes à la manière de Rochereau Seigneur Tabu Ley, son idole, à qui il a rendu hommage dans plusieurs de ses prestations publiques, au pays et à l’étranger. Depuis dix ans, Kikwit commémore Jean-Baptiste Emeneya Mubiala dit « King Kester » par une fête gigantesque qui entraîne toute la ville, le jour de l’anniversaire de sa disparition. Les jeunes orchestres qui jouent la musique du maître, les se disputent la vedette. King Kester revit dans la farandole du 13 février. Il y a, à Kikwit, une avenue King Kester Emeneya ainsi qu’une statue de lui à l’entrée de cette avenue où se trouve l’ISP-Kikwit (artère importante s’il en est). Mais le monument du King a déjà été changé à la demande de la population de Kikwit qui ne reconnaissait pas leur idole dans cette sculpture.