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Monde / Équateur : Le président Guillermo Lasso visé par une procédure de destitution, il dissout le Parlement Monde / Équateur : Le président Guillermo Lasso visé par une procédure de destitution, il dissout le Parlement

2023-05-18 13:04:01

Menacé par une procédure de destitution pour corruption, le président équatorien Guillermo Lasso a dissous le mercredi 17 mai le Parlement au motif d'une "grave crise politique", entraînant des élections anticipées dont l'opposition pourrait cependant sortir renforcée. Le chef d'État conservateur, visé par un procès en destitution ouvert mardi par les parlementaires, a décidé de "dissoudre l'Assemblée nationale en raison de la grave crise politique et des troubles intérieurs", selon le communiqué diffusé par ses services. Guillermo Lasso est accusé par la gauche, majoritaire au parlement monocaméral, de malversations dans le cadre d'un contrat public portant sur le transport de pétrole brut. Il lui est reproché d'avoir eu connaissance de ce contrat préjudiciable au pays et de ne pas être intervenu au début de son mandat pour y mettre un terme. Il avait plaidé mardi sa "totale, évidente et incontestable innocence" face aux députés d'un pays miné par les querelles politiques et la violence. Il a demandé au Conseil national électoral (CNE) de convoquer des élections anticipées. Vers des élections anticipées La Constitution prévoit que l'organe électoral convoque, dans un délai maximal de sept jours après la publication du décret de dissolution, les élections législatives et présidentielle, pour compléter l'actuel mandat de quatre ans. "C'est une décision démocratique non seulement parce qu'elle est constitutionnelle, mais aussi parce qu'elle rend au peuple équatorien la possibilité de décider", a affirmé Guillermo Lasso sur la chaîne de télévision nationale. L'ancien président Rafael Correa (2007-2017), leader de l'opposition malgré sa condamnation à huit ans de prison par contumace pour corruption, et en exil en Belgique, a qualifié la décision de Guillermo Lasso d'"illégale" et de "coup d'État", estimant que c'était aussi "le dernier clou planté dans son propre cercueil politique". Il pourra gouverner jusqu'à l'installation de la nouvelle Assemblée nationale en prenant des décrets-lois d'urgence économique, mais après avis favorable de la Cour constitutionnelle. À l'aube, le bâtiment du Parlement était gardé par des militaires et des policiers, tandis qu'autour du palais présidentiel, dans le centre historique de Quito, les officiers en uniforme étaient plus nombreux qu'habituellement, a constaté l'AFP. "Les forces armées et la police nationale maintiennent et maintiendront inaltérablement leur posture de respect absolu envers la Constitution", a affirme le général Nelson Proaño, chef du commandement conjoint des forces armées équatoriennes, dans une vidéo diffusée par le ministère de la Défense. C'est la première fois qu'un chef d'État utilise ce droit de dissolution, disposition qui ne peut être activé qu'une fois lors des trois premières années du mandat. Cela pourrait cependant profiter à l'opposition. "La mouvance de droite est affaiblie par un gouvernement qui a moins de 15 % de crédibilité", a expliqué le politologue Santiago Cahuasqui, de l'université privée SEK. "Les mouvances du centre et de la gauche pourraient avoir plus de possibilités et de perspectives", a-t-il estimé. Même si la gauche n'obtient pas la présidence, "une chose est certaine: ses députés, qui sont actuellement 49 sur 137, gagneront plus de sièges", avait assuré mardi le constitutionnaliste Rafael Oyarte. En juin, des députés avaient essayé de destituer Guillermo Lasso au moment des violentes manifestations indigènes contre la hausse du coût de la vie, mais il leur avait manqué 12 voix pour aboutir. "N'ayant pas les votes nécessaires pour se sauver d'une destitution imminente, Lasso réalise un lâche auto-coup d'Etat avec l'aide de la police et des forces armées, sans le soutien des citoyens", a réagi sur Twitter Leonidas Iza, dirigeant de la puissante organisation indigène Conaie. Le pays, qui a vécu une grande instabilité politique entre 1997 et 2005, période au cours de laquelle trois présidents ont été renversés par des révoltes populaires, est en outre confronté depuis des mois à une vague de violence due à une lutte de pouvoir entre gangs impliqués dans le trafic de drogue.

Source d'information : Autres